Qui n'a pas regardé Ken quand il était gamin ? Qui n'a jamais rêvé de toucher du doigt un gros baraqué de 2mètres pour le voir exploser deux secondes après ? De craquer son veston puis ses phalanges dès qu'on était vraiment vraiment pas content ? De crier comme un Bruce Lee sous amphet dès qu'on enchaine deux coups de poing ? Hein ? Bah ouais, tout ceux pour qui le mot "bad-ass" a un sens. Alors, là tout de suite, maintenant. Je vous dit si incarner l'homme au 7 cicatrices en 2010 ça a autant la pèche qu'on l'imaginait en 90. Nouveau Pifboum Chronicles dans les bacs. Toi même tu sais. Poto.
Fist of The North Star : Ken's Rage
Plate-Forme : Xbox 360 et PS3
Test effectué sur : Xbox 360, textes en anglais et voix japonaises (PAL).
Date de sortie PAL : 5 Novembre 2010.
Editeur : Koei
Développeur : Omega Force
Hokuto No Ken (Fist of The North Star aux USA, Ken le Survivant chez nous) est un manga datant de 1983 écrit et déssiné par Buronson et Tetsuo Hara. Il a été adapté plusieurs fois en animation (sous forme de série télé puis de films) et une fois en "live" avec le grand Gary Daniels. Et c'était naze. Pour ce qui est du jeu vidéo, on a tout eu depuis l'époque de la NES : RPG, Versus Fighting (la version par les créateurs de Guilty Gear sur PS2, inédite en France était un vrai petit bijou), punching ball, flipper et bien sûr Beat Them All. Pour célébrer les 25 ans de la saga, il fallait bien un jeu sur les consoles modernes. C'est donc Omega Force qui s'en charge. Ils en feront ainsi un Musô. Un Musô ? Oui un "spin-off" de leur saga Sangokumusō, "Dynasty Warriors" en Europe. Autant on peut ne pas apprécier la saga, autant il faut reconnaitre que dans le domaine du "éclate 150 mecs en 3 minutes avec ton perso", ils sont rodés... Alors le jeu fut appelé "Hokuto Musô" au Japon. "Fist of The North Star : Ken's Rage" chez nous. Ouais, même en France. Je sais pas, Hokuto Warriors of the Ken le Survivant, je trouvais ça plus vendeur. Alors ? A conseiller aux fans ? Aux non-fans ? Lisez tout.
You HA Shock ! Ai De Sora ga Ochitekuru... You HA Shock !
Le jeu couvre les 15 premiers tomes du manga originel. Cela correspond à toute la saga dite de Raoh. Au lendemain d'un holocauste nucléaire, Kenshiro, l'unique héritier de l'art martial appelé Hokuto Shinken (qui permet de faire exploser les ennemis de l'intérieur en pressant leurs points vitaux) parcourt un monde post-apocalyptique, ravagé par la IIIe guerre mondiale. Il y cherche Shin, un des 6 maitres du Nanto Seiken (qui lui permet de découper ou trancher ses adversaires), qui lui a ravi sa fiancée, Yuria. Cependant, une fois Shin, terrassé, Ken comprend vite qu'il va avoir fort à faire. Ses frères sont encore en vie. Dont Raoh qui a bien décidé de devenir le seigneur suprême de cet ère, par la force et l'oppression. Si seulement il était le seul...
Bon, je fais un gros raccourci. Et mon descriptif paraitra trop bref pour les non-initiés; L'idée c'est que le jeu fait un peu pareil. Il raconte bien sûr les moments clés de l'histoire via des cutscenes ou par le jeu lui même, mais on passe vite sur certains points. Ceux qui ne sont pas déjà conquis par Ken et son univers ne le seront pas forcément après avoir joué, ils n'auront pas forcément non plus compris tous les tenants et aboutissants de l'histoire ou ses subtilités. Par contre, les fans s'éclateront. La scène de la "lance" de Souther par exemple est ici impeccablement illustrée. On déplorera quand même que les cinématiques ne sont vraiment utilisées que pour les moments majeurs (et encore). Pour faire le lien entre chaque chapitre, c'est un long monologue avec du texte qui défile. Certes c'est narré par par Wakamoto (Cell dans DBZ; Vicious dans Bebop), mais en 2010 il serait peut-être temps de se rendre compte que le monde du jeu vidéo a évolué.
Au final, le tout est un gros prétexte pour nous fourguer de l'épique et du meurtre à la kilotonne tout en nous faisant passer par les bastons les plus mémorables de l'histoire du Hokuto. Limite j'ai envie de faire mon tatillon et pointer du doigt que le fait que Raiga et Fuuga, les gardes de Cassandra ont été remplacés par deux "mini-boss" tout pourraves. de même, Ou sont passés Hyui et Shuren ? hein hein ?
Ouais, mec. Des cutscenes de ouf ! On se rapproche de MGS là...
"Crkkkk, crkkkk" (bruit des phalanges qui craquent)
L'histoire principale est elle même divisée en 5 comme suit : Kenshiro, Rei, mamiya, Toki et Raoh. Chaque perso vit sa version des évènements sur un nombre de niveaux donnés. Bien sûr, Ken le héros a le plus grand nombre de stages alors que ceux de Mamiya et Toki sont réduits. C'est normal, ils se sont peu battus dans le manga. Sur le papier, l'idée est bonne. Chacun, décide d'avancer telle ou telle storyline selon ses préférences. Sauf que malheureusement, certains chapitres clés sont parcourus par plusieurs personnages. Certes, via des chemins un peu différents mais le même décor quand même. Refaire le même bout de de terre post-apocalyptique pour la 5e fois, ça lasse.
Surtout que les niveaux sont toujours un peu calibrés de la même façon. J'avance seul, je butte X mecs, parfois j'ai un objectif spécial : soit je dois tuer tous mes ennemis en un laps de temps donné, soit protéger mes amis incompétents en tuant tous les pas beaux... Vous voyez, c'est varié ! Et paf, à la fin, vous avez le traditionnel boss. Qui peut paraitre ultra cheap au premier abord mais qui devient un petit freluquet une fois la technique maitrisée. Sauf pour Raoh, qui est toujours abusé.
Ces petites marques bleues laissées par les pratiquants du Nanto ? C'est signe que les ennemis sont déjà mo... Pfou, j'ai failli céder à la facilité moi. Heureusement que je me suis retenu.
Je n'ai même pas envie de vous parler du level design. C'est du vide dans du vide. Mais avec des couloirs. Bah, ouais faut pas déconner. Je sais que l'univers d'HnK est forcément peu rempli vu qu'il se déroule après la 3e guerre mondiale. Mais là, on touche au foutage de gueule absolu. Surtout que c'est toujours les mêmes textures, les mêmes devantures de magasin explosés etc...
Et je parle même pas incongruités... Ken qui "escalade" des rochers de 3 mètres et se retrouve bloqué par du grillage... y'a deux secondes je sautais à 500 mètres au dessus du sol pour combattre Raoh (dans une cinématique) et j'explosais un mur...
Dans tout ça que vaut le combat ? Au début, ce n'est pas folichon. C'est lent et un peu mou. L'effet des coups ne se fait pas trop sentir et on ne dispose que d'une seule attaque spéciale (qui vient forcément avec sa pause et le perso qui cite le nom de sa technique). On se trouve un peu faible face à des nuées d'ennemis, c'est un peu dur. C'est un peu dommage quand on est censé jouer le mec le plus bad-ass du monde. Et puis on level up entre chaque stage (via un système proche de FFX) et on acquiert de nouveaux combos dévastateurs, de nouvelles super attaques, on gagne en punch et en résistance... Et ça commence à être fun. On explose 20 mecs à chaque enchainements, on maximise ses attaques de zone et on se sent tout puissant. Le jeu doit se laisser apprivoiser pour devenir "jouissif". En tout cas avec Ken et les persos type Hokuto. Pour ceux type Nanto comme Rei. Tout vient tout de suite grâce à un mode furie qui s'active de lui même super souvent. On va vite, on tue instantanément et on boufe les boss au petit dej. Oui en somme le héros est plus "lourd" à jouer à la base que les second couteaux... Un comble.
Au final, on se retrouve avec le minimum syndical en terme de beat them all avec un gros défaut : le temps de latence qui vous laisse ultra vulnérable après chaque enchaînement. Je ne parle de la demi seconde traditionnelle mais bien de 1 à 2 secondes parfois... Un vrai handicap pour ceux qui veulent la jouer agressif.
Ca fonctionne parce que les ennemis se tordent de douleus en se perdant dans des "taskété, taskété kuuuuréeeee" avant d'exploser ou de se voir tranchés en morceaux et que c'est l'univers d'un de mes manga préférés, mais je n'y regarderai pas à deux fois si le truc était vendu comme un simple" Musô" post-apo.
Par contre, notre gros bonus à nous européens, par rapport aux japs, c'est que le jeu soit plus gore. Ca fait très "rajouté" parfois, mais on est tellement plus proche du manga.
Fais moi rêver.
En parlant de ça, il y a bien un "Dream Mode" qui se joue de manière plus Dynasty Warriors. On a une armée à nos cotés, des points de contrôle, des généraux alliés à protéger et ennemis à éliminer. C'est un peu plus stratégique, il y a un peu plus de massacre. Et surtout le jeu nous permet de jouer 3 nouveaux persos : Jagi, Shin et Souther. Qui sont tous les 3 très intéressants à manier car dans un certains décalage avec les 5 autres. Jagi et son style "catch/streetfight/gun", s'il est difficile à manier, est un vrai bonheur à regarder : il enchaine les piledriver, les coups de shotgun à bout portant et les gros coups de genoux.
Ce mode raconte, une histoire alternative à base de "What if". Cette fois la narration se fait par images figées interagissant entre elles... Paye ton époque 16 bits...
Ces modes de jeux permettent plus de boucheries et un gameplay plus traditionnel des "Warriors", mais c'est vraiment si vous en voulez encore. Ou si vous voulez jouer avec un pote (uniquement dans votre salon, pas de online) en écran splitté.
Ah et je vous ai pas dit. Chaque boss du mode Histoire est terminé sous la forme d'un QTE interminable.
Aujourd'hui, ces textures ont perdu le droit de vivre !
Oh et puis le jeu est moche. Et bien. Textures fadasses, 3 types d'ennemis, animations parfois trop rigides... Non vraiment, c'est laid. Un peu comme Yakuza, c'est le genre de jeu qui vous fait penser qu'il faut que les japonais rattrapent la genération de consoles actuelles. Et vite. Quant au parti pris. Pourquoi devoir relooker les persos ? Leur style de base était parfait. Je suis pas sûr que les flammes et un pantalon en cuir sur Ken le rendent plus "hip". Alors oui, il y a les costumes originaux dispos... en DLC. Youpi banane. Seul point positif que je voudrais voir dans tous les Beat Them All : les vêtements se déchirent au fur et à mesure des dégâts. Quant au son... Les doublages japonais (il y a une Version anglaise il parait, j'ai pas voulu y toucher) sont tous impeccables, le ATATATA de Kenshiro est impeccable et les dialogues aussi...
Mais les musiques... Y'a assez de musiques épiques dans l'anime pour piocher et nous livrer une ambiance sonore parfaite. Mais non, il fallait du Heavy Metal fadasse. Heureusement qu'une version instrumentale de Ai Wo Torimodose est utilisée pour les affrontements clés.
Pour le plaisir du fan mais la tristesse du joueur : Toki s'agenouille pour cracher du sang après chaque combo un peu trop poussé.
1800 ans d'histoire pour un art assassin. Y'avait une section sur les succès ?
Un succès par boss fini (ou presque) et un pour terminer chaque mode histoire et dream des persos. Fade. Et au millieu de tout cela, 3 pour tuer 5000 mecs en Hokuto Shinken, Nanto Seiken et Hokuto Ujoken. Autant les deux premiers se terminent facilement si vous prenez le temps de terminer les deux modes de jeux principaux. Autant le 3e n'étant pratiqué que par Toki... Il va falloir grinder inutilement... Le tout vous prendra environ 40 heures. Pas mal. Mais la plupart d'entre vous n'auront pas le courage de se les enquiller. Il faut dire que parfois le jeu donne juste envie d'arrêter.
J'ai beau avoir vu le Hyakuretsu-ken (le atatatata en langage profane) 150 fois pendant mes parties, je ne m'en lasse pas.
Alors c'est pour qui ?
Pour pas grand monde. Pour les fans de Ken qui peuvent dépasser le gameplay rigide et vieillot pour apprécier d'exploser 10 mecs en un coup de pied, le respect de l'ambiance et l'esprit du manga. Et peut-être pour les fans de Musô, mais ce sont des gens anormaux, à la base.
Les autres ? Lâchez l'affaire. C'est objectivement un jeu très moyen qui penche sur le mauvais. On a eu tellement de bons Beat Them All cette année. Retournez finir Bayonetta ou remplir les défis de Castlevania, vous vous éclaterez beaucoup plus. [4]
(Pour être honnête, dans mon coeur, c'est facile un 7, j'ai poussé le vice jusqu'à 100% de complétion sur la version PAL et j'avais déjà acheté la version JAP il y a 6 mois. Je suis un fan fini et vendu mais il faut savoir rester réaliste.)